Les ultras bavarois de la Südkurve ne décolère pas contre le PSG de Nasser Al-Khelafi qui représente pour eux tout ce que le mauvais côté du foot représente : l’omniprésence du Qatar qui pervertit tout, et un homme désormais puissant, à la fois ministre, propriétaire de club, détenteur de droits TV, membre du comité exécutif de l’UEFA et même Président de l’association européenne des clubs !
Sources L’equipe.fr :
Après celles du match face au PSG, les supporters du Bayern ont enfoncé le clou avec une nouvelle banderole ce mardi, lors de leur match perdu face à Leverkusen en Coupe d’Allemagne (0-1). Et elle a de nouveau ciblé le président parisien Nasser al-Khelaïfi.
Pile une semaine après des premières banderoles qui visaient Nasser al-Khelaïfi lors de la victoire du Bayern Munich face au PSG (1-0) en Ligue des champions – la direction du Bayern avait présenté ses excuses le lendemain – un nouveau message a été déployé ce mardi à l’Allianz Arena.
En début de seconde période contre le Bayer Leverkusen (0-1) en huitièmes de finale de la Coupe d’Allemagne, la Südkurve (le kop sud qui met l’ambiance pendant les matches du club munichois) a une nouvelle fois déployé une banderole à l’encontre du président parisien déroulée sur trois niveaux : « Se distancier du virage – pour courtiser les ennemis du football ? – Revoyez vos priorités, FCB. Fuck off Khelaifi. Fuck off PSG. »
Présents en tribune présidentielle, Uli Hoeness (président d’honneur) et Karl-Heinz Rummenigge (ancien président du conseil d’administration) ont-ils aperçu ce message retiré au bout de trois minutes ? Nul doute que cette campagne des plus fervents inconditionnels du Bayern envers Al-Khelaïfi sera un sujet d’actualité dimanche lorsque le directoire du Bayern présentera son bilan économique de la saison 2023-2024 à plusieurs milliers de ses socios.
Sources FranceBleu.fr :
Pendant la rencontre entre le Bayern Munich et le Paris Saint-Germain, les ultras de la München Red Pride (MRP) ont déployé des banderoles très offensives contre le Président du PSG.
On y voyait un portrait de Nasser al-Khelaïfi barré d’un sens interdit, et une liste d’une partie de ses casquettes : « Ministre, propriétaire de club, détenteur de droits TV, membre du comité exécutif de l’UEFA et président de l’Association Européenne des clubs, tout ça en même temps ? Le foot, c’est moi ? Va te faire foutre, Al-Khelaifi le ploutocrate**** !* »
Pour comprendre pourquoi les ultras du Bayern sont vent debout contre le Qatar, il faut remonter à l’année 2018. A l’époque, le sponsor manche du Bayern, c’est-à-dire le sponsor qui donne de l’argent pour que son nom apparaisse sur la manche des maillots, c’est la compagnie aérienne allemande Lufthansa. Depuis 14 ans. Mais le Bayern décide de remplacer le sponsoring avec Lufthansa par un sponsoring avec Qatar Airways. Comment la Qatar obtient-il ce partenariat ? En alignant 5 millions d’euros de plus que Lufthansa, ce qui en fait un partenariat considéré comme surévalué pour « seulement » du sponsoring manche. Mais, miracle, après la signature du contrat entre le Bayern et Qatar Airways, les dirigeants allemands se mettent tous à chanter les louanges de la Coupe du Monde au Qatar qui se profile.
Sauf que… au Bayern, certains groupes d’ultras sont fortement politisés et très attentifs à ce que les valeurs du club soient respectées. Il faut dire que 75% du club sont détenus par…. les supporters (et les 25 % restants par trois investisseurs allemands : Audi, Adidas et Allianz). Les deux groupes d’ultras les plus investis pour défendre le modèle du club, et du foot allemand en général, sont la München Red Pride et la Schickeria. Deux groupes qui n’acceptent pas que leur club pactise avec un pays dont ils considèrent, à quatre ans de la Coupe du Monde, qu’il ne respecte pas les droits de l’homme. Les supporters vont donc user de tous les moyens d’action à leur disposition pour pourrir le partenariat. Et après cinq ans de contestation acharnée, ils obtiennent à l’été 2023 la fin du contrat entre le Bayern et Qatar Airways.
Deux exemples d’empoignades symboliques : en février 2020, un match de Bundeliga entre le Bayern et Hoffenheim est interrompu deux fois parce que des ultras du Bayern ont sorti des banderoles insultant le patron de l’équipe adverse, parce qu’il représente à leurs yeux la commercialisation du football. Après le match, Karl-Heinz Rummenigge, le directeur du conseil d’administration du Bayern, déclare qu’on a vu « le visage le plus hideux du Bayern Munich ». Réponse, par banderole, des ultras de la München Red Pride au match suivant : « Le visage le plus hideux du Bayern Munich est montré par ceux qui prennent l’argent ensanglanté de Qatar & Cie ! ».
Autre exemple, toujours en 2020. Pendant un match de l’équipe amateure du Bayern, un ultra déploie une banderole contre la tenue de matchs de 3ème division le lundi soir. Plutôt inoffensif. Sauf qu’à la suite de cette banderole, l’ultra en question est interdit de présence dans tous les sites appartenant au Bayern Munich, donc y compris au stade. Bizarre et très disproportionnée, comme sanction. Mais on comprend mieux quand on sait que ce supporter était l’un des intervenants d’une table ronde qui avait été organisée par les ultras du Bayern quelques semaines plus tôt. Thème de la table ronde : « Qatar, Droits de l’Homme et FC Bayern – Ouvrez la main, fermez la bouche ? »
Bref, le Qatar et les supporters du Bayern, c’est une histoire très heurtée, et même une guerre ouverte qui a sérieusement abimé les relations entre les dirigeants du Bayern et une partie de leurs ultras. Ce qui explique pourquoi à chaque fois qu’on joue le Bayern, on peut s’attendre à voir fleurir des banderoles anti-Qatar.