Match de légende : Opus 1 – 26 05 1999
Manchester United - Bayern Munich (1-2) : finale LDC 1999 / Camp Nou Barcelone ESP
Après le succès de la série « Que sont ils devenus », le FCBayern-fr.com initie une seconde série sur les « matchs de légende » : nous y évoquerons les victoires comme les défaites. La série débute avec la terrible finale de la Ligue des Champions 1999, perdue dans les arrêts de jeu alors que le Bayern avait totalement maitrisé son sujet, sauf pendant les 3 dernières minutes…
Alors que l’on débute le temps additionnel, je me souviens du banc bavarois avec Matthäus (sorti depuis la 80ème) en tête qui pense déjà à la victoire acquise… On connait la suite. Le Bayern touchera 2 fois les poteaux, et la différence se fera aussi sur le coaching des 2 entraineurs. Ottmar Hitzfeld procède à 3 changements (71′ Zickler pour Scholl – 80′ Matthäus pour Fink – 87′ Basler pour Salilhamidzic) : lorsque que « Brazzo » rentre, le Bayern est à 3 + 3 minutes du gain de la rencontre. Sir Alex Ferguson fera rentrer 2 joueurs : Sheringham à la place de Blomqvist 67′ et Solkskjaer à la place d’Andy Cole (81′). Les deux rentrants seront décisifs et marqueront aux 90+1 et 90+3…
>>>> Ci après, Reprise intégrale de l’excellent article RMCSport >>>> :Goozo football
Le « Fergie Time » a rarement aussi bien porté son nom que durant cette finale mémorable face au Bayern Munich. Après avoir concédé l’ouverture du score et avoir vu les Munichois toucher deux fois les montants, les Red Devils réalisent un retour de folie en inscrivant deux buts dans le temps additionnel.
Manchester United-Bayern Munich: 2-1
26 mai 1999, finale de la Ligue des champions – Camp Nou (Barcelone, Espagne)
Manchester United: Schmeichel (c) – G. Neville, Johnsen, Stam, Irwin – Giggs, Beckham, Butt, Blomqvist (Sheringham 67e) – Yorke, Cole (Solskjaer 81e)
Entraîneur: Alex Ferguson
Bayern Munich: Kahn (c) – Babbel, Linke, Matthäus (Fink 80e), Kuffour, Tarnat – Effenberg, Jeremies – Basler (Salihamidzic 87e), Jancker, Zickler (Scholl 71e)
Entraîneur: Ottmar Hitzfeld
Entre le rêve et le cauchemar, le fossé n’est pas bien grand. A peine deux minutes ce soir-là, dans la chaleur du Camp Nou. Pour passer de l’un à l’autre, deux corners ont suffi, au crépuscule d’un match qui semblait promis au Bayern Munich. Mais quand Pierluigi Collina a sifflé la fin de la rencontre, ce sont bien les Anglais de Manchester United qui hurlaient leur bonheur, pendant que leurs adversaires erraient sur la pelouse, foudroyés par la cruauté d’une défaite inouïe.
Cette finale de C1 représente l’apothéose d’une saison magistrale pour Manchester United. Après des semaines de lutte avec Arsenal, les joueurs d’Alex Ferguson (pas encore « Sir » à l’époque) ont récupéré leur titre de champions d’Angleterre le 16 mai. Et le 22 mai, MU remporte la Coupe d’Angleterre face à Newcastle. Il ne reste plus que cette Ligue des champions à aller chercher, 31 ans après la première. Alex Ferguson, Roy Keane, David Beckham et les autres rêvent de succéder à Sir Matt Busby, Bobby Charlton et l’icône George Best.
Mais le parcours vers la finale a été difficile. Dans le groupe D, Manchester United n’a pas perdu un match, mais le Bayern Munich, déjà, a été meilleur. Les Bavarois ont tenu tête aux Mancuniens (2-2 à l’Olympiastadion, 1-1 à Old Trafford) et ont pris la première place. Résultat: les Mancuniens passent la phase de poule de justesse. Comme le Real Madrid, les Anglais se qualifient pour les quarts de finale grâce à leur statut de meilleurs deuxièmes.
En quarts de finale, l’Inter Milan, qui ne peut pas vraiment compter sur Ronaldo, ne fait pas le poids. En demi-finales, par contre, Manchester United doit s’employer contre la Juve. Après un nul 1-1 à domicile, la Juventus de Filippo Inzaghi mène très vite 2-0 au retour à Turin. Heureusement, Roy Keane, Dwight Yorke et Andy Cole sauvent MU. Mais à quel prix…
Keane, Scholes, Lizarazu et Elber absents
A Turin, le capitaine Roy Keane et Paul Scholes, deux éléments essentiels du onze de Ferguson, ont écopé d’un carton jaune qui les privent de la finale. Un gros coup dur pour l’Ecossais, qui doit revoir ses plans et faire glisser David Beckham dans l’entrejeu. Le brassard de capitaine revient au gardien Peter Schmeichel.
Le Bayern Munich a aussi quelques soucis. Certes, le titre de champion d’Allemagne a été acquis (à la différence de buts face au Bayer Leverkusen), et Ottmar Hitzfeld et ses hommes peuvent eux aussi rêver à un triplé. Mais pour cette finale, les Bavarois sont amputés de deux joueurs majeurs eux aussi: Bixente Lizarazu et Giovane Elber, blessés. Du coup, Hitzfeld lance au Camp Nou un onze comprenant dix Allemands et un seul étranger, en la personne du Ghanéen Samuel Kuffour.
Le Bayern marque mais manque l’occasion de tuer le match
Dans un Camp Nou surchauffé (le stade a été choisi pour saluer le Barça qui fête ses 100 ans en 1999), les Allemands ne laissent pas passer leur première occasion. Sur coup franc, Mario Basler place une frappe que Schmeichel ne voit pas partir. Le Danois reste sans réaction tandis que le milieu offensif ouvre le score après six petites minutes. Cueillis à froid, les Mancuniens tardent à réagir. La défense renforcée du Bayern à cinq derrière, avec le vétéran Lothar Matthäus en patron, tient en respect le redoutable duo que forment Dwight Yorke et Andy Cole. David Beckham, lui, s’exprime moins facilement à ce poste de milieu relayeur.
Manchester United finit par se procurer des bribes d’occasions, mais c’est bien le Bayern le plus dangereux. Sans un Schmeichel vigilant devant Carsten Jancker, les Munichois auraient même pris le large. A la 67e, Ferguson procède à un premier changement: Jesper Blomqvist cède sa place à Teddy Sheringham. La menace bavaroise plane toujours. Un joli lob de Mehmet Scholl prend Schmeichel à défaut mais termine sa course sur le poteau. Puis, c’est un retourné acrobatique de Jancker qui s’écrase sur la barre. Ce manque de réalisme, le Bayern va le payer cher. Très cher.
Sheringham sauve Manchester
A la 81e, Alex Ferguson utilise sa dernière cartouche offensive: Andy Cole sort, et c’est Ole Gunnar Solskjaer qui fait son apparition. Le Norvégien est le « super sub » (« super remplaçant ») de Manchester United. Son autre surnom: « The Baby-faced Assassin », que l’on peut traduire par « L’Assassin à la gueule d’ange ». Le Bayern Munich, qui se retranche dans son camp, va bientôt faire la connaissance du buteur, tout en expérimentant le « Fergie Time », cette fameuse période où le Manchester de Ferguson réalise des miracles.
En attendant, Manchester United se lance à l’assaut de la cage d’Oliver Kahn. Les Red Devils sont face au kop où leurss supporters se sont réunis. Le portier allemand tient bon. Pierluigi Collina indique trois minutes de temps additionnel. Juste après, MU obtient un corner.
Peter Schmeichel quitte sa cage pour venir prêter main forte aux siens dans le jeu aérien. David Beckham centre vers le Danois justement. Le ballon traîne, sort difficilement de la surface plein axe. Ryan Giggs écrase sa frappe, mais au second poteau, Sheringham prolonge la course du ballon au fond des filets. Egalisation à la 90+1e! Le public anglais s’enflamme. Pour le Bayern, la douche froide est rude. La suite sera plus terrible encore.
Solskjaer achève le Bayern
Revigorés par cette égalisation, les Mancuniens repartent de plus belle. Samuel Kuffour concède un nouveau corner et une clameur s’élève du Camp Nou. Après tout, pourquoi pas? Peter Schmeichel ne monte pas cette fois. Dans la surface, il y a du monde. Il y a Ole Gunnar Solskjaer notamment. Dans les colonnes du Daily Mail, le Norvégien se souvient: « Quand Teddy a marqué, tout le monde a couru vers lui sauf moi. J’ai couru droit vers la ligne médiane. Parce que je me préparais pour jouer 30 minutes supplémentaires. » Ça ne sera finalement pas nécessaire.
David Beckham botte à nouveau ce corner. Au premier poteau, il trouve la tête de Sheringham. Et le ballon arrive vers Solskjaer, qui tend la jambe… « 99 fois sur cent, mon but aurait filé dans les mains d’Oliver Kahn ou sur la tête du gars sur la ligne », assure le « Super Sub ». Pas cette fois. Le ballon est loin de Kahn et passe au-dessus de la tête de Michael Tarnat. On joue la 90+3e et le Camp Nou explose; en à peine deux minutes, Manchester United vient de remporter la Ligue des champions. Le héros final, Ole Gunnar Solskjaer, glisse sur ses genoux face à un public en délire. Le « Fergie Time » existe plus que jamais.
Le paradis mancunien, l’enfer bavarois
Le contraste des images est terrible. Pierluigi Collina est le mieux placé pour décrire cette scène hors du commun: « C’était les trois minutes les plus intenses de ma carrière. Incroyable. Je les regarde encore en DVD. L’atmosphère était fantastique. Si vous regardez les gradins, vous voyez une seule vague de 90 000 personnes se lever sur trois étages. »
« Je m’en rappelle encore pour plusieurs raisons. D’abord pour la réaction des fans de Manchester sur le second but. Cela a fait un bruit incroyable, comme un rugissement de lion. Et puis, il y a eu la réaction des joueurs du Bayern: leur déception pendant qu’ils s’effondraient sur la pelouse après ce but… », poursuit le sifflet italien.
Sorti du terrain à la 80e, Matthäus a le visage fermé. Samuel Kuffour, de rage, tape du poing sur la pelouse. Bixente Lizarazu vient réconforter ses coéquipiers. Jancker, si malheureux quelques minutes plus tôt, pleure à chaudes larmes. La résurrection soudaine de Manchester United fait le bonheur des Red Devils et de leurs fans. Côté allemand, ce scénario est insupportable. C’est la troisième finale perdue d’affilée, après celle de 1982 (contre Aston Villa) et celle de 1987 (contre le FC Porto). Le Bayern court toujours après un succès en C1 depuis celui contre Saint-Etienne en 1976. Au crépuscule du XXe siècle, ce rêve lui est subitement enlevé.
Le Bayern lavera l’affront en 2001
Le triplé est pour Manchester United. Le Bayern, lui, ne se remet pas de cette finale perdue. Quelques jours plus tard, les Bavarois s’inclinent aussi en finale de la Coupe d’Allemagne contre le Werder Brême. En cette année 1999, Manchester United est le nouveau club dominateur.
Pour services rendus au football britannique, la reine d’Angleterre Elizabeth II anoblit Alex Ferguson; désormais, il faut l’appeler Sir Alex Ferguson. David Beckham, lui, termine 2e en fin d’année dans la course au Ballon d’or 1999. Le Brésilien Rivaldo l’emporte, mais le « Spice Boy » est le premier Anglais à se hisser à ce niveau depuis Gary Lineker, 13 ans plus tôt.
Cette fin de match cauchemardesque hantera le Bayern Munich, mais le géant allemand l’effacera un peu deux ans plus tard en remportant la Ligue des champions contre le FC Valence, en éliminant au passage… Manchester United en quarts de finale.