C’était tellement une évidence que ça n’a quasiment rien d’une surprise. Lorsqu’il a fallu réfléchir à une appellation pour le titre de meilleur buteur – totalisant le plus de réalisations en club et en sélection sur tous les matches officiels de la saison – décerné depuis l’an passé lors de la cérémonie du Ballon d’Or, un nom a vite rallié tous les suffrages : celui de Gerd Müller, disparu l’an passé à 75 ans. De même que le prix du meilleur gardien est associé à Lev Yachine (lauréat 1963) et celui du meilleur jeune à Raymond Kopa (lauréat 1958), celui du goleador de la saison sera désormais relié au Ballon d’Or 1970. Qui d’autre que « Der Bomber » (le Bombardier) pouvait le mieux incarner dans la famille des anciens lauréats du BO le profil du buteur prolifique ?
Avec ses 68 buts en 62 sélections et ses 365 buts en 427 rencontres avec le Bayern en Bundesliga, cet attaquant atypique, puissant, racé et pas toujours académique incarne l’efficacité au plus haut niveau. « Gerd Müller est l’attaquant le plus titré que le FC Bayern ait jamais eu – et certainement l’un des plus grands avants-centres de l’histoire du football mondial, atteste Oliver Kahn, le président du conseil exécutif du club bavarois. Il est synonyme de titres majeurs (une Coupe intercontinentale, trois C1, une C2, quatre Championnats, quatre Coupes d’Allemagne), d’engagement inlassable envers son club, de passion incroyable et d’humilité jamais démentie. Il aura toujours une place spéciale dans le coeur des Munichois. »
Et maintenant dans celui des attaquants contemporains puisque « son » trophée, remporté par Robert Lewandowski en 2021, récompense désormais le plus efficace d’entre eux. « C’est un immense honneur que Gerd Müller mérite, complète Oliver Kahn. Il y a de nombreux attaquants fascinants dans l’histoire du football, mais le style de Gerd Müller était unique. Arie Haan, qui a perdu contre Gerd et l’équipe allemande lors de la finale de la Coupe du monde 1974 avec les Pays-Bas (1-2, à Munich), a dit un jour : « Chaque attaquant a quelque chose auquel vous devez prêter une attention particulière : son pied droit, sa course, son dribble, la façon dont il se dérobe. Avec Gerd, il n’y avait qu’une chose à laquelle il fallait faire attention : son flair. » Au FC Bayern, nous sommes reconnaissants que Gerd reçoive cet honneur et que ce trophée porte désormais son nom. »
Et de préciser, à l’intention, peut-être, de ceux qui se focaliseraient trop sur leurs stats : « Gerd ne s’est jamais vu comme une star, ne s’est jamais considéré comme trop important. Le succès ne lui est jamais monté à la tête. Il aimait simplement le jeu et faisait toujours passer l’équipe en premier. Bien sûr, il faut des buts pour gagner mais sans ses équipiers, le meilleur buteur n’a aucune chance. Tout le monde devrait toujours en être conscient. Ce trophée est surtout une récompense pour le joueur qui fait des choses extraordinaires avec son équipe, et pour son équipe. »