La saison 2019-2020 du Bayern a été tout simplement exceptionnelle. Nombreux étaient ceux qui pensait l’équipe sur le déclin. Le club avait vu partir ses deux stars Robben et Ribery, qui n’avaient finalement pas été remplacés. La saison avait commencé par une défaite contre Dortmund en Super Coupe (2-0). Début novembre, après une défaite 5-1 contre Francfort et alors que le Bayern n’était que quatrième en Bundesliga, le club limogeait son entraîneur Nico Kovac et donnait sa chance à son assistant Hans Flick. La suite fait déjà partie de l’histoire : une équipe séduisante, un football offensif et un triplé historique pour couronner une saison de records. Certains cadres de l’équipe vieillissent et le club devra bientôt reconstruire. Si le Bayern aura toujours l’ambition de disputer les plus grands trophées, peut-il rivaliser financièrement avec les autres grands clubs d’Europe ?
Football et pétrodollars
Durant les années 2000, les achats de clubs par de grands oligarques ont complètement révolutionné le football. Du jour au lendemain, certains clubs multipliaient leurs budgets et venaient ainsi perturber l’ordre établi. L’achat de Chelsea par le milliardaire russe Roman Abramovich en 2003 a permis de ramener le club londonien dans la cour des grands. Dès 2008 et la reprise de Manchester City par la famille régnante d’Abu Dhabi, ce sont les pétrodollars qui se sont invités dans le monde du football. À coup de millions, le club s’installait rapidement parmi l’élite. La popularité du football européen dans le monde arabe se confirmait dans les années 2010 avec un intérêt croissant pour le suivi des matches en direct et l’augmentation des paris en ligne au Maghreb et Moyen-Orient. Si la reprise de Malaga CF par le Sheikh Al-Thani connut un échec et mit les Andalous au bord de la faillite, l’achat du PSG par le groupe qatari QSI en 2011 propulsa le club de la capitale d’un habitué de la lutte au maintien en Ligue 1 au statut de géant européen. Devant ces injections de capitaux et les plaintes des grands clubs historiques pour concurrence déloyale, l’UEFA adopta rapidement des règles de Fair Play Financier (FPF) pour limiter les dépenses de ces clubs. Si ces règles sont arrivées un peu tard pour empêcher des clubs comme le PSG et Manchester City de s’installer parmi l’élite, elles protègent cette même élite de futurs nouveaux riches.
Une gestion de maître
Avec un budget annuel de 660 millions d’euros, le Bayern a le quatrième budget européen le plus élevé selon le rapport annuel de Deloitte Football Money League. Si cette puissance financière permet au club de planifier sereinement l’aspect sportif, celui-ci se méfie de l’augmentation de moyens de ses concurrents. La Bundesliga est le deuxième championnat le plus riche en matière de droits télévisés avec 1.16 milliards d’euros, mais elle rapporte beaucoup moins que le championnat anglais et ses 2.3 milliards d’euros annuels.
Le club voit aussi avec inquiétude les montants de contrats de sponsoring de certains de ses concurrents augmenter chaque année de manière significative. Certains propriétaires de clubs sponsorisent d’ailleurs directement leurs clubs par l’intermédiaire d’autres sociétés leur appartenant afin de contourner le FPF. Le Bayern, porte-drapeau allemand, peut compter sur le soutien de ses partenaires de longue date que sont les géants allemands Telekom, Audi, Allianz et Adidas pour continuer de rivaliser financièrement avec les autres grands clubs, bien que ces entreprises n’ont pas la même marge de manœuvre en matière de sponsoring que les compagnies aériennes du Moyen-Orient. Comme une assurance sur l’avenir, le club bavarois a entamé un partenariat avec l’entreprise Qatar Airways en 2018. Pour 10 millions d’euros par an, la ligne aérienne s’est acheté le droit de poser son logo sur la manche du maillot bavarois. Si ce montant semble être une goutte d’eau dans le budget actuel du club, le partenariat existe et la fenêtre est ouverte pour une collaboration plus conséquente à l’avenir.
Le Bayern Munich a réussi à garder et consolider son statut de géant durant les années qui ont vu le football se métamorphoser. Une gestion sportive et financière exemplaire font du Bayern Munich un club unique. Ses supporters peuvent dormir tranquilles et rêver de nombreux titres à venir.